L’imaginaire a beaucoup de place dans le choix amoureux ; les images du père et de la mère sont bien là, y compris dans leurs composantes professionnelles, entrainant attraction ou répulsion. Parfois on se marie avec une profession, un statut social et pas avec l’homme.
Pris dans la course du quotidien, les conjoints n’ont pas toujours fait l’effort d’approfondir leurs relations. Travail loisirs forment un cycle qui meuble leurs jours. Quand celui-ci se rompt, le face à face ne va pas de soi. La situation est souvent vécue comme une rupture du contrat initial. On peut ainsi entendre des réflexions assez dures du type « j’ai épousé un homme pas quelqu’un qui a besoin d’une infirmière »
A l’inverse, certains couples ,du fait du chômage, entrent dans une relation soignant soigné » et s’y installent durablement. C’est un cercle vicieux qui entretient la déprime du chômeur et finit par lasser l’aidant.
Les conflits inhérents au chômage
- Lutte de pouvoir « territorial » : Quand un homme est au chômage, il empiète sur le territoire traditionnel de la femme. Les tâches ménagères peuvent devenir source de conflits. Soit l’homme décide de s’en charger mais il ne le fait pas au gout de son épouse, soit il ne fait rien et cela exaspère la femme, soit encore, étant à la maison, il se permet de critiquer ou de conseiller au sujet du ménage, chose dont il s’était complètement désintéressé jusqu’alors. La gestion du quotidien devient alors conflictuelle.
- Lutte de pouvoir symbolique : Une femme dont le mari est au chômage détient symboliquement plus de pouvoir puisque c’est elle seule qui fait vivre sa famille. Elle peut y trouver une satisfaction mais peut aussi en vouloir à son mari d’être placée en position de toute puissance contre son gré. La passivité, la vulnérabilité de l’un, ses hésitations sont l’occasion pour l’autre de reprendre le pouvoir, de décider à sa place : »Tu devrais faire du sport » , »Tu devrais rencontrer des amis », »Maintenant que tu as le temps « .Cette prise de pouvoir est souvent ravageuse.
- Conséquences sur la vie amoureuse : La perte de confiance en soi, la dévalorisation qui habitent le chômeur peuvent diminuer l’appétit sexuel. Les relations sexuelles s’espacent et aggravent les difficultés conjugales. Parfois, l’impuissance de l’homme confronté au chômage se généralise et se traduit dans son corps. Au contraire, certains hommes vont chercher à montrer que s’ils ne sont pas performants au niveau de l’emploi, ils sont très performants et très demandeurs dans le domaine sexuel. Quelque part leur compagne leur donnerait une compensation pour exprimer leur puissance là où le monde du travail ne peut pas les satisfaire.
- Perte de valorisation mutuelle : La vie à deux implique de faire face ensemble aux difficultés. On se marie »pour le meilleur et pour le pire ».Le couple est bâti sur un contrat implicite de valorisation mutuelle .Quand l’un des conjoints est au chômage ,la relation d’échange devient inégale, la réciprocité n’existe plus. Devant la situation injuste du chômage, on s’en prend à l’autre souvent injustement. On se débarrasse de son problème personnel en l’attribuant à son conjoint, mais on ne fait que projeter sur lui ce que l’on attend au fond de soi même : »je n’ai plus aucune considération pour moi-même donc il, ou elle, me traite forcément avec un peu de mépris. »
La perte d’emploi peut déclencher une crise grave allant jusqu’au divorce mais elle n’en n’est pas la cause initiale. Elle ne fait souvent que rendre apparente une crise qui couvait déjà. Le chômage peut entrainer au sein du couple des tensions et des difficultés sous jacentes qui peuvent être révélés à cette occasion, mais ce n’est
que le facteur déclencheur de la crise, pas sa cause première.
Comment faire face au chômage ?
Une période de chômage n’est pas toujours vécue de façon tragique.
Certains, rendus plus disponibles, redécouvrent leur couple, leurs enfants, mais il est préférable de ne pas trop s’appuyer sur ses proches. Il est plus profitable qu’il s’investisse à l’extérieur, dans un club de sport, à l’église, dans une activité caritative, dans tout ce qui peut lui redonner un rôle, une identité sociale. C’est une première façon de s’aider que de se tourner vers les autres. L’ambiance familiale s’en trouve allégée. Le poids de la situation ne doit pas reposer sur le conjoint ou les enfants, il est préférable de se tourner, pour exprimer ses griefs, vers des structures professionnelles :association,CCF,psychologues…
Pour éviter de se laisser aller mieux vaut ne pas s’enliser dans le statut de victime. Pour cela il est important de reconnaitre ce qui arrive et de mettre des mots sur ce qu’on ressent. Cette crise peut être l’occasion de réparer des failles personnelles que masquait le travail et de répartir sur de nouvelles bases. Il faut aussi accepter l’idée que le chômage n’est pas la cause de tous nos maux mais qu’il est souvent plutôt le révélateur de nos vulnérabilités.
On peut être tenter de croire qu’une fois un emploi retrouvé tout va se rééquilibrer, mais le travail ne résout pas tous les problémes.L’épreuve du chômage c’est aussi l’occasion de voir plus clair en soi même. On peut être amené à des réflexions fondamentales sur le sens de sa vie, ses priorités, ses aspirations spirituelles.
Le rôle du conjoint est important : écouter avec attention ce qu’il ou elle dit, essayer de comprendre ce qu’il vit, confirmer à son conjoint qu’on l’aime toujours, qu’on a encore confiance en lui. Dialoguer permet de faire baisser la charge émotionnelle ,mais se laisser aller à des plaintes sans fin est nuisible pour l’atmosphère familiale si le conjoint ne se sent pas prêt à assumer ce rôle, il peut également se faire aider par des professionnels.
« Face à un conjoint au chômage, il est difficile de trouver la juste distance. Il faut en effet composer avec sa susceptibilité et son attitude parfois agressive, sans tomber dans la pitié ni éviter tout ce qui fâche »
Un homme au chômage a plus particulièrement besoin de sentir qu’on lui donne de la valeur. S’il ne la reçoit plus à l’extérieur au moins doit-il la ressentir chez lui. L’accueillir avec chaleur quand il rentre à la maison, interrompre ses conversations téléphoniques à ce moment là, lui servir à manger en premier…sont autant de petits trucs qui aide un mari à ressentir le respect qu’on lui porte dans son foyer et la place qu’il occupe auprès de son épouse et des autres membres de sa famille. Il perçoit ainsi que sa valeur aux yeux des siens n’est pas lié à son salaire.
Le chômage est déstabilisant car il représente une série de perte (statut, revenus, contacts sociaux, estime de soi).
Dans un couple le chômage est d’autant plus déstabilisant qu’il s’y joue une symphonie en stéréo. Si l’un souffre d’un manque d’estime de soi l’autre trouvera dévalorisant de partager sa vie avec quelqu’un qui n’offre pas une image valorisante.
Une crise externe comme le chômage peut être le révélateur d’une crise interne dans le couple et la famille.
« Dans tout phénomène humain les crises sont nécessaires à la croissance, tous les couples portent nécessairement en eux la promesse de crise mais la plupart portent également en eux la capacité de faire face à ces périodes critiques » écrit Micheline Colin. La crise est l’occasion d’accéder à l’amour véritable. Si l’un des conjoints perd son emploi continuer à l’aimer c’est lui montrer qu’on l’aime sans condition, c’est l’accepter dans sa totalité. Le chômage comme les crises peuvent être l’occasion de se retrouver aussi bien que de s’éloigner. »Une vie à deux étant une mise à l’épreuve permanente et un défi permanent d’avoir à surmonter les crises. C’est un va et vient entre retrouvailles et éloignement. »
Une enquête de l’INSEE montre très clairement un lien étroit entre l’indice d’instabilité conjugale, le chômage et sa durée.
Hommes - Femmes
18,9% - 26,4% -- emploi non menacé
38,7% - 30,9% -- chômage de moins de 2 ans
43,5% - 36,5% -- chômage de plus de 2 ans
Nombre de personnes ayant connu une rupture conjugale
Selon Robert Neuburger, un certain nombre de problèmes rencontré par les couples touchés par le chômage ne sont pas dus aux divergences personnelles, mais à un besoin soudain, une demande d’aide, formulée par celui ou celle qui se trouve fragilisé par la perte de son emploi .On attend de l’autre qu’il soit thérapeute, qu’il apporte un soutien psychologique. Or les couples contemporains ne parviennent pas toujours à s’adapter à cette nécessité, n’ayant pas toujours consacré assez de temps à l’installation d’un vrai dialogue.
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